mardi 4 janvier 2011

Problèmes de l’enseignement de l’amazighe au Maroc

Etude : Les problèmes de l’enseignement de l’amazighe
Lecture des résultats des questionnaires:
Le nombre d’enseignants pris comme échantillon est de trente, répartis en onze écoles rurales et urbaines et en quatre niveaux :
1.      Première année de l’enseignement primaire : 15 enseignants ;
2.      Deuxième année de l’enseignement primaire : 11 enseignants ;
3.      Troisième année de l’enseignement primaire : 03 enseignants ;
4.      Quatrième année de l’enseignement primaire : 01 enseignant ;
Les questionnaires se basent sur l’hypothèse  suivante :
Y a –t- il enseignement de l’amazighe à l’école publique ?
Si oui comment? Et si non pourquoi ?
Le questionnaire est composé de quatre parties, qui développent quatre axes dans l’enseignement-apprentissage de l’amazighe, à savoir
1.      Expérience de l’enseignement ;
2.      Variation et standardisation ;
3.      Réception de l’enseignement ;
4.      Attentes 
A partir de ces questionnaires, on déduit que :
ü  50% des enseignants questionnés n’ont pas reçu de formation en amazighe ;
ü   18  %  des enseignants questionnés ne connaissent pas l’IRCAM ;
ü   21  % des enseignants questionnés sont arabophones ;
ü  22% des enseignants questionnés n’enseignent pas l’amazighe ;
ü  14% des enseignants questionnés considèrent  que l’enseignement de l’amazighe est une surcharge pour les enseignants du primaire ;
ü  11  % des enseignants questionnés sont contre l’insertion de l’amazighe dans les cursus scolaires ;
ü  18% des enseignants questionnés considèrent qu’il est difficile d’enseigner tamazight en caractères Tifinaghs ;
ü  55%   des enseignants questionnés sont contre la standardisation ;
ü  58% des enseignants questionnés ne contribuent pas à la standardisation ;

Problèmes de l’enseignement de la langue amazighe à l’école marocaine publique :
a.    La volonté du Ministère : le Ministère émet des notes mais ne fait pas de suivi ;
b.    Responsabilité des académies : il y a des Académies qui ont organisée cette année deux  formations pour des enseignants de l’amazigh (Taza –Hoceima-Taounate), d’autres n’ont fait aucune ;
c.     Problèmes d’encadrement : les inspecteurs ne peuvent encadrer l’amazighe puisqu’ils n’ont pas reçu une formation de qualité ;
d.    Formation des directeurs : pour contrôler le travail des enseignants de l’amazighe, les académies doivent former les directeurs des écoles primaires, ce qui est annoncé dans la note ministérielle N ° 130 ;
e.     La formation des enseignants : l’Académie d’Oujda  n’a organisé aucune formation des enseignants de l’amazighe pour l’année 2006/2007, tandis que la note ministérielle N ° 130 annonce trois formations durant l’année.
f.     La standardisation : la plupart des enseignants ne saisissent pas les contenus des manuels, car on emploi une langue en voie de  standardisation, et la plupart des enseignants de l’amazighe n’ont pas reçu de formation.
g.    Les enseignants arabophones : comment peut-on enseigner une langue qu’on ignore ?
h.    Le non respect des caractéristiques phonétiques dans le choix de l’alphabet tifinaghe : quelques phonèmes n’ont pas été retenus dans l’alphabet tifinaghe-IRCAM :   ä  et ï
i.     Manque de dictionnaire amazigh : les enseignants se trouvent parfois incapable de saisir le sens de quelques mots ;
j.     Manque de références : des manuels de conjugaison, d’orthographe,…
k.    Problème de l’écriture en tifinaghe : l’insertion du schwa  n’est pas respectée, les règles phonologiques ne sont pas respectées en tarifite ;
l.     Durée insuffisante par rapport aux contenus proposés : le contenu proposé en comparaison avec la durée qui est de trois heures par semaine ne permet pas d’atteindre les objectifs escomptés, étant donné que la plupart des enseignants ont des problèmes énormes pour saisir les contenus des manuels
m.   Les manuels ne respectent pas les spécificités culturelles des rifains : la thématique proposée, dans quelques unités didactiques,  n’a aucune relation avec les spécificités culturelles du Nord du Maroc :….
Suggestions pour un enseignement efficace de l’amazighe
Afin d’éviter toute errance dans l’enseignement-apprentissage de la langue amazighe, et dans le dessein de surmonter les dysfonctionnements qui entravent un apprentissage efficace de cette langue nous suggérons les mesures suivantes :
ü  Formation initiale des enseignants ;
ü  Formation continue des enseignants ;
ü  Insertion de l’amazighe dans les écoles privées ;
ü  Création des filières amazighes à l’université ;
ü  Généralisation de  l’enseignement de l’amazighe ;
ü  Bâtir une langue amazigh standard comprise et utilisée par tous les amazighes ;
ü  la standardisation de l’amazighe doit se faire petit à petit pour que les apprenants, ne ressentent pas qu’ils sont dans un bain linguistique étranger ;
ü  constituer une terminologie scientifique et technologique ;
ü   traduire les manuels scientifiques ;
ü  Elaboration des dossiers pédagogiques et des autres supports didactiques, écrits et audiovisuels ;
ü   L’Amazighe doit se mettre  aux NTIC ;
ü   Les cours amazighs à la télé doivent être aussi en tarifite ;
ü  L’IRCAM, en tant qu’institution chargé de la question amazighe   doit faire son rôle de suivi pour cet enseignement ;
ü  Formation des enseignants spécialisés pour enseigner l’amazighe ;
ü  Formation des inspecteurs spécialisés pour encadrer l’amazighe ;




ü  L’enseignement de l’amazighe à l’école marocaine  publique est à repenser ; les enseignants ne peuvent rien donner aux apprenants car leur formation en amazighe tend vers zéro ; et d’ailleurs connaître une langue n’est pas suffisant pour l’enseigner.
ü  L’enseignement de  l’amazigh n’est pas l’enseignement de tifinaghe, ce que, malheureusement, font  la majorité écrasante des enseignants de l’amazighe.
ü  L’amazighe comprend d’autres disciplines autre que  l’écriture à savoir l’oral, la lecture, le fonctionnement de langue et le ludique.
ü  La manière par laquelle on enseigne l’amazigh est humiliante pour l’amazighe et l’amazighité.
ü  L’enseignement  de la langue amazighe nécessite une volonté politique de la part des responsables de ce pays, à côté, bien sûr,  des enseignants qui doivent assumer leur responsabilité d’enseigner cette  langue comme le font avec les autres matières (français, l’arabe …), car l’amazigh fait partie de leur tableau de service.
El Hossaien FARHAD
Etudiant-chercheur
Nador